C’est connu aujourd’hui, le numérique participe à l’écocide. Comment l’école peut-elle tenir compte de cet enjeu dans son processus de numérisation ?
Cette brève réflexion a été initiée par cette lecture: “Es zeigt sich aber auch, dass viele Befragte deutlich stärkere Zustimmung zu umweltbewusstem und Kreislaufverhalten in der Theorie aufzeigen, als sie es dann tatsächlich tagtäglich praktizieren.” (Quoss, et al., 2023, p. 5). Tout porte à croire qu’il y a, dans les questions d’économie circulaire, un conflit net entre les intentions et les actions. Alors que faire ?
En référence au modèle unifié de changement des comportements (Herman, et al., 2014), le passage de l’intention à l’action est rendu possible grâce à quatre piliers :
- compétences : au sens d’être capable de…
- contraintes : au sens d’être contraint·e à…
- importance : au sens d’avoir la volonté de…
- habitudes : au sens d’avoir les opportunités de…
Il semble donc que des travaux dessinant une didactique de la frugalité numérique gagneraient à être entrepris pour faciliter ce passage des intentions à l’action. Mais quel chantier !
- Les compétences doivent être techniques (e.g., changer la batterie de son smartphone), informatiques (e.g., installer Ubuntu sur une vieille machine pour lui redonner vie), sociales (e.g., défendre la hype d’être augmenté·e par des technologies de seconde main), émotionnelles (e.g., accepter le risque que sa machine puisse manquer de compatibilité)… tant la chose numérique est un fait socio-technique.
- Les contraintes doivent certes être techniques (e.g., demander aux élèves de réaliser des tâches sur micro-ordinateur, même si une latence peut-être nécessaire), informatiques (e.g., imposer des solutions logicielles légères dans le contexte éducatif comme LibreOffice), pédagogiques (e.g., imposer des usages réfléchis des artefacts numériques et non numériser pour numériser), voire financières (e.g., en incitant à l’achat de machines de seconde main via des subventionnements ciblés).
- L’importance perçue passera par de la sensibilisation, des connaissances, des prises en compte des interdépendances, des hiérarchisations des engagements… dans un débat constant entre élèves-enseignant·e·s-autorités scolaire quant à où mettre les priorités dans la numérisation de l’école.
- Les habitudes sont à mon sens le lieu d’action le plus intéressant pour l’école publique : si l’on y nourrit des habitudes de frugalités numériques par un modelage de pratique respectant ce principe, si l’on offre aux élèves d’expérimenter l’usage de machines reconditionnées, si l’on montre comment on prend soin du matériel pour le faire durer… tout porte à croire que la plupart des élèves suivront le pas.
Il s’agit là d’un billet de blog très spontané, un peu coup de gueule, voire rêveur, mais qui néanmoins invite à questionner certaines pratiques dans la numérisation de l’école.
Bibliographie :
- Herman, K. C., Reinke, W. M., Frey, A. J., & Shepard, S. A. (2014). Motivational interviewing in schools. New York, NY: Springer.
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